Rencontre avec l’autrice québécoise Marie Desjardins
En ce 1er juillet 2025, jour de la fête nationale canadienne, j’ai eu envie de mettre en lumière une autrice québécoise à la plume incisive et sensible : Marie Desjardins, dont le roman Ellesmere, publié en 2014 aux éditions du Cram dans la collection « Conte noir », m’a profondément marquée. Notre rencontre fortuite à Paris dans un cercle d’amis, a fait écho à deux entretiens menés en décembre dernier à Montréal, avec Michel Jean et Maya Cousineau-Mollen, autour de la mémoire autochtone – à retrouver sur le site Actualitté.
Si elle navigue entre biographies et fictions, cette autrice canadienne a assurément avec une prédilection pour les destins tourmentés et les récits à l’atmosphère sombre. Selon ses mots, elle dit aimer « scanners de l’âme, du cœur, des tourments, des aspirations – du destin – de l’immense influence du transgénérationnel. » Aussi quand elle m’a offert l’un de ses ouvrages dont le titre, Ellesmere, intrigue dès la couverture, j’ignorais que comme avec Michel Jean et Maya Cousineau, j’allais plonger à nouveau dans les drames des populations autochtones.
Car ce titre renvoie à l’île la plus septentrionale de l’Arctique canadien, qui fut le théâtre d’un épisode tragique encore trop méconnu. En 1953, le gouvernement y a déporté plusieurs familles inuites dans des conditions extrêmes, avec un objectif politique bien précis : « assurer la souveraineté territoriale du pays ». C’est autour de drame, en arrière fond, que Marie Desjardins tisse une fiction familiale saisissante, portée par un narrateur à la première personne, peintre mondain au passé trouble, qui revisite les fractures de son enfance et les démons d’une fratrie dysfonctionnelle.
Au cœur du récit : Jess, le frère aîné énigmatique et autodestructeur, devenu quasi-inuit depuis son exil forcé à Ellesmere et la soeur, fragile amoureuse, artiste mystique, prise dans les griffes de ses frères. Car chacun, différemment, va abuser de sa douceur, sinon de sa naïveté. Entre secrets, blessures enfouies et amours interdits, le roman déploie une atmosphère puissante et troublante, où la noirceur se teinte d’une poésie douloureuse, en résonance avec la tragédie des inuits d’Ellesmere. Étonnant, dérangeant parfois, ce conte familial m’a captivée jusqu’à la dernière page.
Comme à chaque invité de ma rubrique « Parcours », j’ai proposé à Marie Desjardins de répondre à ce questionnaire qui explore les lignes de d’un itinéraire personnel et créatif. Retrouvez tous les entretiens sur le blog Chemin lisant.
Comment te définis-tu ?
Marie Desjardins : Contemplative active.
C’est quoi ton activité ?
Marie Desjardins : Je suis écrivain. J’écris, je révise, je réécris, je traduis.
Fais-nous le pitch !
Marie Desjardins : Auteur de romans, de biographies, d’articles, de reportages, de divers romans sous des pseudos. Les sujets sont divers, toujours intimes. Scanners de l’âme, du cœur, des tourments, des aspirations – du destin – de l’immense influence du transgénérationnel.
Le déclic ? L’origine de cette orientation ? Depuis quand ?
Marie Desjardins : La lecture, bien sûr. L’écriture depuis l’enfance. Je me souviens encore de mon premier texte à l’école et de mon excitation à l’égard des merveilles du vocabulaire.
Ton lieu de travail ?
Marie Desjardins : Mon bureau, chez moi, à la campagne.
Une première création emblématique ?
Marie Desjardins : Biograffiti. Publié en 1993. Le tour de la biographie comme genre, raconté comme une histoire…
Ce qui t’inspire au quotidien ?
Marie Desjardins : La nature. C’est elle qui me donne des idées, qui m’apaise, me reconnecte.
Ton défi ?
Marie Desjardins : Continuer sans tomber dans le négatif. Lutter pour ne pas douter.
Une femme / un homme exemplaire dans ton panthéon personnel ?
Marie Desjardins : La comtesse de Ségur, née Rostopchine, entre autres. Henri Guillemin, l’historien, unique et vrai. Mais il y en a bien d’autres.
Un mantra ? Ou Un cri de victoire ?
Marie Desjardins : All right! Sinon… Seigneur Jésus Christ, fils de Dieu, aies pitié de moi. La plus belle phrase du Récit d’un pèlerin russe.
Un rituel avant de démarrer ta journée ?
Marie Desjardins : Café. Lecture.
Un QG inspirant à Paris ou ailleurs où l’on peut te croiser ?
Marie Desjardins : Longtemps ce fut Le Mazarin. Quand je vais à Paris, je suis souvent sur une terrasse Place Dauphine, où j’ai vécu pendant des années.
Cet article a d’abord paru dans le blog Côté Maison : https://blogs.cotemaison.fr/chemin-lisant/2025/07/01/a-la-rencontre-de-lautrice-quebecoise-marie-desjardins/